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L'abri allemand 𝖂𝖊𝖉𝖉𝖎𝖌𝖊𝖓

Dernière mise à jour : 1 sept. 2021

Les fortes pluies sont l’occasion d’ouvertures fortuites d'abris et de galeries datant de la Grande Guerre. Ce fut de nouveau le cas, il y a quelques semaines dans un champ du secteur ou une excavation de 3.50m de profondeur a été découverte.





Avec l’accord du propriétaire, une équipe de l’A.S.A.P. E 14/18 s’est rendue sur place et a engagé des travaux préliminaires « délicats » du fait de la configuration de l’affaissement. En effet, ce dernier s’est formé en puits, rendant dangereux les travaux. Une rapide analyse laisse apparaître des vestiges présents dans les parois. Toute la terre de l’affaissement n’est plus présente au fond du trou indiquant qu’elle a comblé une cavité ou une galerie. L’exploration à permis la préservation de différents vestiges notamment un fusil français LEBEL sans sa culasse, des conserves alimentaires, des bouteilles gravées françaises. Parmi elles : une fiole médicale graduée de chloroforme ainsi qu’une bouteille « 𝐿’é𝑙𝑖𝑥𝑖𝑟 𝐷𝑢𝑐ℎ𝑎𝑚𝑝 ». L’ASAPE a également retrouvé un couvercle de fût d’essence français, Mle 1901.

Au vu de la disposition des vestiges découverts, nous pensons que l’affaissement est survenu dans la pente d’un escalier. En effet, les vestiges sont retrouvés à différents niveaux, vraisemblablement jetés en contrebas à partir de la surface. Deux hypothèses sont alors possibles :


- 𝗣𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗵𝘆𝗽𝗼𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 : Comme l’ASAPE l’a déjà rencontré sur ce secteur, cet abri pourrait avoir été creusé dans la terre même et étayé par des rondins de bois, tôles, etc…Dans cette hypothèse, peu probable que sa structure soit encore intacte. Afin d’assurer la sécurité de l’équipe terrain ASAPE, l’engagement de moyens mécaniques lourds seraient nécessaires afin d’extraire au minimum 30m3 de terre « pesant » sur l’escalier et sur le toit de l’abri.

- 𝗗𝗲𝘂𝘅𝗶𝗲̀𝗺𝗲 𝗵𝘆𝗽𝗼𝘁𝗵𝗲̀𝘀𝗲 (la plus probable) : Les vestiges de l’escalier découvert au fond de l’affaissement permettent d’atteindre la couche calcaire qui – d’après nos estimations – se trouve au minimum à 6.50m de profondeur. La galerie serait donc comblée sur environ 4m50 avant de déboucher dans un abri taillé dans le calcaire.

Parallèlement à l’engagement de ces travaux, l’équipe responsable des recherches historiques nous fournit, l’Histoire de cette parcelle…




Les cartes allemandes de Mai 1916 font apparaitre cet affaissement sur une tranchée allemande nommée « 𝖂𝖊𝖉𝖉𝖎𝖌𝖊𝖓 ». Le nom de cette tranchée pourrait être un hommage à Otto Weddigen, commandant du sous-marin « Unterseeboot 29 (U-29) » mort au combat en Mer du Nord le 18 Mars 1915. Les canevas de tir Français de 1918 confirment la même position de l’affaissement sur cette tranchée. Entre Octobre 1914 et Mars 1917, la tranchée 𝖂𝖊𝖉𝖉𝖎𝖌𝖊𝖓 faisait partie de la seconde défense installée profondément en cas d’attaque majeure sur le réseau primaire situé à quelques kilomètres plus à l’Ouest. C’est le principe de la défense dite « en profondeur » permettant un repli stratégique sur un second réseau déjà construit et équipé, permettant de stopper l’avance des troupes ennemies.

A partir du 09 juin 1918 (deuxième offensive de l’opération Michaël) les Allemands sont arrêtés sur les positions abandonnées un an auparavant. C’est ainsi qu’entre Juin et le 19 Aout 1918, la tranchée 𝖂𝖊𝖉𝖉𝖎𝖌𝖊𝖓, devient la première ligne allemande sur le secteur.

𝗣𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗱𝗼𝗻𝗰 𝗮𝘂𝘁𝗮𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝗲𝘀𝘁𝗶𝗴𝗲𝘀 𝗳𝗿𝗮𝗻ç𝗮𝗶𝘀 𝗲𝗻 𝗽𝗹𝗲𝗶𝗻𝗲 𝘇𝗼𝗻𝗲 𝗮𝗹𝗹𝗲𝗺𝗮𝗻𝗱𝗲 ?

Nos recherches indiquent que la tranchée 𝖂𝖊𝖉𝖉𝖎𝖌𝖊𝖓 fut le théâtre de violents combats entre les 17 et 20 Août 1918. Lors de ces assauts les forces françaises du 246RI et du 204RI font reculer les différents régiments allemands, notamment l'Infanterie-Regiment von Schilling Nr.389 // 9. Rheinisches Infanterie-Regiment Nr.160 // 7. Rheinisches Infanterie-Regiment Nr.69.


Ces derniers utiliseront de nombreux projectiles chimiques et notamment le l'ypérite (gaz moutarde) afin d’endiguer - sans succès - la progression française. Dès le 19 Août 1918 les Français engagent sur ce secteur des blindés et notamment ceux du 502 et 508 Régiment d'Artillerie d'Assaut. Cet engagement pourrait expliquer la présence du couvercle de fût d’essence réglementaire retrouvé dans l’affaissement. Des recherches dans le JMO de l’unité confirme la présence d’un point de ravitaillement à proximité de la tranchée 𝖂𝖊𝖉𝖉𝖎𝖌𝖊𝖓. A la fin des combats, le rapport du Lieutenant Colonel DESCHAMPS du 246Ri fait état d'un "𝑏𝑢𝑡𝑖𝑛 𝑡𝑟𝑒̀𝑠 𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒𝑢𝑥 𝑐𝑎𝑝𝑡𝑢𝑟𝑒́ : 1 𝑐𝑎𝑛𝑜𝑛 𝑑𝑒 210𝑚𝑚, 3 𝑐𝑎𝑛𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 77𝑚𝑚, 𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑑𝑒 200 𝑚𝑖𝑡𝑟𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒𝑢𝑠𝑒𝑠 𝑜𝑢 𝑚𝑖𝑡𝑟𝑎𝑖𝑙𝑙𝑒𝑡𝑡𝑒𝑠, 𝑚𝑢𝑛𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑠𝑜𝑟𝑡𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡𝑒́s 𝑡𝑟𝑒̀𝑠 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑟𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒𝑠" Les objets français retrouvés proviennent certainement de L’été 1918 , vestiges des derniers combats du secteur et notamment de l’engagement des chars Renault FT.


Le remaniement des champs de batailles effectué à partir de 1920 explique ensuite la présence de ces objets français dans cet abri allemand. A cette occasion, les cavités du secteur ont servi de « poubelles » aux vestiges de surface des 4 années de guerre.

Malheureusement l’emploi du temps chargé de l’association ainsi que les mauvaises conditions météo de la fin Septembre, nous ont contraints à ajourner des travaux de plus grande ampleur sur le site 𝖂𝖊𝖉𝖉𝖎𝖌𝖊𝖓.

A la suite de l’exploration préliminaire, nous avons dressé le plan de cet affaissement et son possible abri souterrain. Les vestiges ont tous été identifiés et restaurés afin de les présenter.




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