C'est un lieu souterrain d’exception et chargé d'histoire dans lequel l'ASAPE 14-18 a eu l’occasion de descendre. Enfoui à une profondeur de 24 mètres sous le village d’Ovillers-la-Boisselle, chemine l’un des nombreux réseaux de galeries de mines britanniques, celui du site de l’îlot de la Boisselle (Granathof Stellung / GloryHole).
Haut-lieu de la guerre de mines du département de la Somme, avec notamment à proximité immédiate, l’entonnoir de mines britannique mondialement connu – celui du 01 juillet 1916 – le « Lochnagar Crater ». Le site n'est pourtant pas promu à sa juste valeur, et cela malgré le dévouement des bénévoles de l'Association « Les Amis de L’Ilot De La Boisselle » qui depuis 2013, sous la présidence de Mme Claudie Lejeune-Llewellin, entretiennent cet espace d’environ 3 hectares, en préservant – en surface – les cicatrices des entonnoirs de mines et – en souterrain – un accès en pente douce au niveau -9 mètres, vestiges de l’accès au réseau de galeries d’attaques situées plus profondément.
Alors que l'histoire de la Grande Guerre disparaît peu à peu des manuels scolaires, les tunnels – ici explorés par l'ASAPE 14-18 – ont tout de même été mis au jour dans la série à succès : « Peaky Blinders » produite par la chaîne anglaise BBC en 2013. Le héros de la série, Thomas Shelby, souffre d'un stress post-traumatique résultant de la guerre souterraine menée contre les pionniers allemands lors de son engagement en tant que tunnelier dans le 179ème Régiment de Tunneliers des Royal Engineers, dans le réseau souterrain de La Boisselle ; ce type de traumatisme porte le nom « d’hypnose des batailles ».
Une séquence de l’épisode 1 saison 1 évoque d'ailleurs la progression de Thomas Shelby dans l’une de ces galeries britanniques à proximité de l'ennemi allemand. Quelques minutes plus tard, après avoir distinctement entendu les bruits de pioches et des conversations allemandes, la paroi de la galerie britannique s’éventre, laissant surgir un pionnier allemand, armé d'un couteau, s’attaquant à Shelby et ses camarades tunneliers ; ces derniers répliquent à coups de revolver afin de neutraliser l'ennemi.
Au-delà de la fiction, ce genre de scène s'est réellement produit sur le site de la Boisselle, – notamment le 10 avril 1916 – lorsque des Britanniques ont rencontré, depuis leur ouvrage, une galerie allemande ; pas de coups de revolver mais le déclenchement d'une explosion qui tua tous les tunneliers britanniques présents dans cette galerie. Les corps de ces hommes (3 tunneliers britanniques et ceux des pionniers allemands) reposent toujours à -24 mètres sous terre sur le site.
Où s’arrête la fiction et où commence la réalité historique ?
La référence dans la série sur la présence d’un Thomas Shelby, membre du Gang des Peaky Blinders au sein du 179ème Régiment de Tunneliers des Royal Engineers, n’est malheureusement pas authentifiable.
La raison est simple : aucun « Thomas Shelby » n’a fait partie des « figures » de ce gang de Birmingham ; il s’agit d’une invention de la chaîne BBC. Cependant, la majorité des véritables membres du gang ayant entre 25 et 35 ans au moment du premier conflit mondial, il est possible que certains d’entre eux se soient bien enrôlés dans différents régiments britanniques pour venir combattre sur et sous les terres des Flandres et du nord de la France.
Toutefois, il est historiquement avéré que le régiment cité dans la série : The 179 Tunnelling Company Royal Engineers soit à l’origine des 4 galeries ayant explosé le matin du 01 juillet 1916 sur cette commune d’Ovillers-la-Boisselle, y compris la célèbre mine ayant causé le cratère de Lochnagar (La Grande Mine) ; c’est d’ailleurs sûrement la raison pour laquelle les producteurs de la BBC ont impliqué leur héros dans ce régiment de mineurs.
Le réseau de L’îlot de la Boisselle est extrêmement complexe et diffère des réseaux souterrains que l'ASAPE 14-18 étudie habituellement dans l'Oise. Bien que les niveaux de profondeur atteints ici dans la Somme soient sensiblement identiques à ceux de notre secteur, l’accès en « puits » ainsi que les cheminements entrepris par les Britanniques diffèrent des stratégies appliquées dans l’Oise.
Ce qui ne diffère pas, c'est l'initiative de cette guerre de mines !
Ici encore, les forces impériales prennent les devants en lançant la construction de galeries vers les lignes ennemies dès le début de la guerre de position.
Début novembre 1914, alors que le secteur est encore tenu par les Français, des bruits souterrains suspects sont entendus, laissant supposer que les Allemands cherchent à s'infiltrer sous terre vers leur première ligne. Fin novembre, le travail allemand se rapprochant très dangereusement, le 11ème Bataillon du 6ème Génie décide de creuser 4 puits de mines pour atteindre rapidement la profondeur des attaques allemandes ; ces « Grands puits » comme l'indiquent les manuels des Officiers du Génie ont pour dimensions 1 mètre 32 sur 1 mètre 32.
En décembre 1914, ils atteignent une profondeur de 6 mètres avant de partir en « rameaux de combat », d’après les récits d’époque.
En règle générale, ces puits débouchent sur des demi-galeries de 1 mètre 30 de haut pour ensuite se rétrécir en « grands rameaux » (1m x 0,80m) puis en « rameaux de combat » (0,70m x 0,60m) à l'approche des positions ennemies. Toutefois, la faible distance séparant les positions françaises et allemandes sur ce secteur a peut-être contraint le Génie français à attaquer directement en bas du puits via des rameaux de combats. Quoi qu'il en soit, dans la roche calcaire de la Somme, comme celle de l'Oise, les bruits issus des travaux de mines sont perceptibles par l’adversaire à une distance de 40 mètres !
Fin décembre, les Français – principalement des régiments issus de recrutements en Bretagne – constatent que les Allemands ont reçu sur le secteur plus de 5 000 wagons de matériel et pas moins de 60 000 sacs de sable ; dès lors, il est clair, que les Allemands vont fortifier le secteur et entreprendre un réseau de défense en souterrain. Cette stratégie consiste – entre autres – à creuser des abris profonds (7 mètres de profondeur en moyenne) qui permettra quelques mois plus tard, en juillet 1916, de préserver la vie des soldats allemands lors de la préparation d’artillerie annonciatrice de l’offensive de la Somme.
La première explosion de mine souterraine est déclenchée par les Allemands, le 2 janvier 1915 ; elle avait pour but la neutralisation des travaux français (les 4 puits) débutés par le Génie à partir des caves de la ferme de L’îlot de la Boisselle.
Les pionniers bavarois avaient sans doute abusé de leur excellente bière lors du réveillon car il semblerait qu'ils n’avaient pas les idées bien claires lors des calculs de distances et d'orientations de leurs galeries d'attaques : en effet, leur propre mine se trouve tout simplement sous leur première ligne ! La mise à feu neutralise alors toute leur aile gauche.
Leur seconde mine, quelques jours plus tard, est également mal calculée et laisse intacts les travaux français.
Face à l’impossibilité de neutraliser les Français via le sous-sol, les Allemands lancent donc une attaque de surface – par infanterie – afin de neutraliser l’accès aux puits de mines français.
La guerre de mines et de contre-mines de ce secteur débute donc en ce début d'année 1915 entre Allemands et Français à une profondeur comprise entre 9 et 12 mètres ; les explosions se succèdent des deux côtés avec plus ou moins de réussite.
Très rapidement les quantités d’explosifs utilisées dépassent plusieurs tonnes. Par exemple, le 07 février 1915, une explosion allemande de 2,5 tonnes composée de près de 100 caisses d'explosifs et 1 200 sacs de sable est déclenchée ; par réaction, les charges françaises situées au fond des galeries de 3 des 4 puits se déclenchent.
Peu après, les Allemands procèdent à l'organisation de leur réseau souterrain : ils abandonnent l’accès en puits (accès verticaux au réseau souterrain) et se mettent à creuser 16 galeries en pente douce. D’après les archives allemandes, elles sont toutes interconnectées entre elles à mi-pente, permettant ainsi une circulation de l'air et des hommes. Les Allemands s'enfoncent profondément dans le sol calcaire à -24 mètres et sans doute au-delà de 30 mètres de profondeur. La présence de pompes d’extraction d'eau indique qu'ils sont au niveau de la nappe phréatique (ou juste au-dessus) ; cette dernière se situant à -36 mètres sur le secteur, nous pouvons supposer que les Allemands ont atteint une profondeur inférieure aux ouvrages britanniques, ce qui leur donne donc un net avantage sur l’adversaire.
Sur ce réseau allemand de galeries de mines, précisons qu’il chemine sur plusieurs centaines de mètres et n’a jamais été exploré depuis la fin de la Grande Guerre ; difficile en l’état de confronter les tactiques mises en place par les différents belligérants pour saper les travaux de leurs adversaires.
Il semblerait que les Britanniques – après la prise du village d’Ovillers-la-Boisselle, le 04 juillet 1916 – aient détruit toutes les entrées du réseau allemand. Sur ce point, nous doutons fortement de cette version, compte tenu des 18 à 22 entrées de surface que comptait le réseau souterrain allemand ; d’après les informations que nous avons pu recueillir, il est vraisemblable que des vestiges de puits allemands existent toujours sur des terrains privés et que les accès à ces puits furent rebouchés sommairement après guerre lors de la remise en culture progressive des anciens champs de bataille.
A l’époque, la méthode la plus rapide consistait à jeter dans les entrées de galeries et de puits les déchets du champ de bataille –principalement des piquets, des traverses en fer et des quantités incommensurables de barbelé – le tout recouvert de quelques mètres cubes de terre ; parfois, les aléas du climat ou l'action de l'homme font que ces accès aux galeries revoient le jour.
Ce fut le cas dans la commune d’Ovillers-la-Boisselle, lors de l’édification d'un lotissement, période durant laquelle un promoteur dût appeler plusieurs camions toupie de béton afin de combler une partie du réseau allemand se trouvant sous les futures fondations !
Le 17 août 1915, les Français cèdent le secteur de L’îlot de la Boisselle aux troupes britanniques ; un régiment de tunneliers tout fraîchement formés, The 179. Tunnelling Company – Royal Engineers, prendra en charge les travaux de mines de l’îlot. Ces derniers, mineurs professionnels, décident à la mi-septembre 1915 de ne plus utiliser les ouvrages souterrains français mais plutôt de construire leur propre système, légèrement en retrait de la première ligne ; cela leur permet d'accéder en « pente douce » au niveau atteint par les Allemands. Toutefois, ils se rendent rapidement compte que les nouvelles pentes entreprises ne permettront pas d'atteindre la profondeur souhaitée de -24 mètres.
C'est pour cette raison qu’à partir du 13 octobre 1915 et au bout de 25 mètres de galerie, les tunneliers britanniques procèdent à la construction de puits verticaux ; certains puits plongent à plus de 15 mètres.
Ainsi, les Britanniques rattrapent leur retard et se trouvent à la profondeur estimée des travaux allemands : soit -24 mètres. De cette profondeur, des mines britanniques d'une moyenne de 5 tonnes seront déclenchées contre les ouvrages souterrains allemands.
A l’occasion de l’offensive de la Somme, déclenchée le 01 juillet 1916, les tunneliers du secteur vont préparer plusieurs galeries d’attaques afin de faire exploser simultanément des charges, quelques minutes avant l'assaut de l'infanterie en surface qui – précisons-le – fera pour le seul premier jour : 19 240 morts britanniques.
Le premier tunnel consiste en un long cheminement de 300 mètres pour atteindre la position allemande « Y-SAP » ; la charge d'explosifs sera de 18 144 kg. Malheureusement, pour ce projet d’explosion, les Allemands qui espionnent les lignes téléphoniques britanniques se placeront en retrait juste avant la mise à feu de la mine.
Deux autres tunnels partaient du réseau exploré par l’ASAPE14-18 avec deux charges de 3 629 kg chacune.
Enfin, le dernier tunnel long de 240 mètres est celui qui causera l’entonnoir de « La Grande Mine », le « Lochnagar Crater » ; il sera chargé avec 27 215 kg d'ammonal et sera de même déclenché quelques minutes avant l’assaut britannique.
Ces explosions sur la commune d’Ovillers-la-Boisselle font partie des 19 mines qui ont explosé au matin du 01 juillet 1916 pour lancer la bataille de la Somme : - une mine sur la commune de Beaumont-Hamel de 18 000 kg d’explosifs ; - 4 mines sur la commune d’Ovillers-la-Boisselle, pour un total de 52 000 kg d’explosifs ; - 3 mines sur la commune de Fricourt, pour un total de 21 900 kg d’explosifs ; - 8 mines sur la commune de Mametz, pour un total de 2 381 kg d’explosifs ; - enfin 3 mines sur la commune de Carmoy, pour un total de 2 760 kg d’explosifs.
L'EXPLORATION DU RÉSEAU DE L’ÎLOT DE LA BOISELLE PAR L'ASAPE 14-18
(Réseau britannique situé à une profondeur de -24 mètres partant du site de l’îlot)
C’est par l’accès britannique créé le 18 septembre 1915 que nous sommes parvenus au niveau de -9 mètres ; cet accès est nommé par les Britanniques « X Adit » (traduction : Galerie d’accès X).
Ensuite, notre logistique et nos membres spéléologues nous ont permis – en toute sécurité – via le puits « SHAFT W » profond de 15 mètres, d’accéder au réseau d’attaque britannique à une profondeur de 24 mètres.
La découverte et l’ouverture d’une partie de ce réseau souterrain sont le fruit du travail d’un groupe d’étude britannique : La Boisselle Study Group ; comme vu précédemment, il s’agit d’un réseau d’origine 100 % britannique qui fut construit dans le cadre d’une guerre de mines intense sur le secteur (janvier 1915 - juillet 1916).
L’objectif initial de l’ASAPE 14-18 est l’exploration du réseau à -24 mètres et d’étudier la faisabilité d’un accès en toute sécurité du réseau situé encore plus profondément à -30 mètres ; il semble n’avoir jamais été exploré du fait de la présence d’eau remontée via la nappe phréatique. Cette descente nous permet également de comparer les tactiques britanniques dans le cadre de la guerre de mines avec celles mises en place par les forces françaises et allemandes sur le secteur de Moulin-sous-Touvent (Oise).
Descendus au fond du puits et par équipe de 3 membres, nous découvrons la galerie principale du premier système britannique ; le puits donne accès au centre du cheminement d’un vaste système souterrain interconnecté :
Vers le sud-est : le système nommé « W », avec sa galerie principale « W » ;
Vers le nord-ouest : le système nommé « C », avec sa galerie principale « C1-1 ».
Ces deux systèmes s’articulent chacun autour d’une galerie principale ; ils sont parallèles au front et couvrent deux profondeurs. Le premier système date de 1915 et chemine à une profondeur de 24 mètres, le second, daté de 1916, chemine quant à lui à 30 mètres de profondeur, situé quasiment à la verticale du premier et tout aussi développé.
La galerie principale du système W mesure environ 1,40 mètre de hauteur sur 1 mètre de largeur ; elle est taillée en ogive de façon assez grossière. Au sol, les vestiges de rails en bois d’un écartement de 30 cm sont encore visibles et préservés. Cette voie servait à évacuer les déblais mais également à acheminer discrètement les caisses d’explosifs vers les différents fourneaux qui se développent à partir de cette galerie principale. Notons que ces rails ne cheminent que dans les galeries principales ; cela représente tout de même quasiment 300 à 350 mètres de rail.
Au sol, de nombreux vestiges sont encore présents : cartouches britanniques de 303.British unitaire ou avec lame chargeur, restes de bougies, outils de mineurs, système d’aération, conduites d’évacuation des eaux, gourdes, conserves, câblages électriques, etc.
De ce réseau à -24 mètres, des pièces construites de façon adjacente à la galerie principale donnent accès à des nouveaux puits qui descendent au niveau inférieur : il s’agit de l’accès au niveau d’attaque situé à -30 mètres. Inondés il y a encore quelques années, les puits sont aujourd’hui secs du fait de la sécheresse qui touche notre région ; cela laisse donc penser que le niveau -30 mètres est désormais accessible. Nous avons dénombré 4 puits descendants et 3 puits ascendants (vers la surface ou vers un niveau intermédiaire non mentionné sur les cartes).
Toutefois, nous n’avions pas pris en compte l’étendue de ce réseau qui nécessite pour chaque équipe environ 2h30 d’exploration ! La logistique ASAPE n’a pas le temps de descendre à -24 mètres pour nous permettre l’accès au réseau encore inférieur.
Ce système W donne accès à 4 galeries d’attaques prenant naissance à partir de la galerie principale. Toutes ces galeries possèdent une série de deux portes en bois recouvert de papier goudronné. L’encadrement est maçonné et le tout est encadré par des briques ; il s’agit ici de portes anti-gaz. Ces portes sont censées contenir les gaz dans la galerie d’attaque et préserver le reste du réseau d’un air vicié et/ou mortel.
Mais la configuration du réseau britannique qui s’articule autour d’une galerie principale présente un gros inconvénient : la propagation des gaz dits « gaz délétères » est issue des explosions de plusieurs tonnes déclenchées à l’extrémité (ou à proximité) des galeries d’attaques. Toutefois, il apparaît que des emplacements pour laisser passer des tuyaux d’extraction d’air étaient prévus dans la maçonnerie de ces portes dans le but d’extraire plus rapidement l’air vicié.
Les galeries d’attaques sont, quant à elles, parfaitement taillées avec des dimensions de 1 m sur 0,80 cm de large, le cheminement s’étendant sur 25 à 30 mètres, et aboutissent à l’équerre dans une chambre d’explosion. Le volume de ces chambres appelées « Fourneaux de mines » est considérable (en comparaison avec notre secteur de l’Oise) et peuvent accueillir 3 à 5 tonnes d’explosifs.
Nous avons comptabilisé 5 galeries de mines notées « W1, W2, W3, W4 ». Une cinquième, située directement en bas du puits W (Shaft W), n’a pas de numérotation officielle ; nous la noterons « W0 » pour plus de clarté dans la description.
La première galerie W0 est totalement effondrée suite à l’explosion d’une mine allemande de 15 tonnes en date du 22 novembre 1915. Cette forte charge entraîna – par réaction – l’explosion de la mine britannique placée à proximité. ; 6 hommes furent tués sous terre, les corps de deux d’entre eux reposent toujours derrière les éboulis. Il s’agissait de John LANE et Ezekiel PARKES.
La galerie W1 est effondrée à partir de 10 mètres de cheminement ; une charge britannique de plusieurs tonnes y a explosé le 09 juin 1916.
Les deux suivantes, W2 et W3, sont en parfait état ; les chambres en extrémité des galeries de -30 mètres sont prêtes à accueillir les explosifs.
La quatrième galerie W4 a, quant à elle, explosé le 03 mai 1916 avec une charge d’un peu plus de 3 tonnes ; les tunneliers britanniques ont alors décidé de creuser à nouveau une chambre en parallèle de celle détruite afin de se prémunir d’une attaque allemande.
Notons la présence de restes de sacs au sol dans ces chambres. Nous pensions au départ à des restes de sacs d’explosifs mais les techniques de guerre souterraine britannique nous apprennent qu’il s’agit d’une technique utilisée afin de réduire le bruit ; en effet, les écouteurs – ces hommes chargés d’écouter les bruits de provenant de l’adversaire – travaillent ici sans chaussures, sur un lit de sacs de sable pour être le plus discret possible ; ces débris de sacs découverts dans ces chambres d’explosion sont donc les preuves restantes de cette technique britannique.
Nous sommes surpris par la qualité de l’air à cette profondeur : l’oxygène n’est pas raréfié et aucun gaz n’est détecté par nos appareils de mesure(s) ; nous décelons même un courant d’air qui circule dans ce réseau à -24 mètres, ce qui indique l’existence, quelque part en surface, d’un autre accès à ce réseau permettant la circulation de l’air.
Au nord-ouest, le système nommé « C » est un vrai labyrinthe…
Beaucoup plus vaste que le système « W », il s’étend sur 200 à 250 mètres. La galerie principale « C1-1 » possède également ses rails en bois pour wagonnet(s)de 12 pouces ; elle donne accès à 7 galeries d’attaques. En légère pente, il se situe à une profondeur de 21 mètres.
La première galerie d’attaque nommée « C1-2 » est totalement effondrée ; l’effondrement est consécutif à l’explosion d’une mine allemande en date du 19 décembre 1915. 5 mineurs sont ensevelis dans cette galerie, leurs corps reposant toujours à quelques mètres derrière les éboulis. Voici leurs noms : Samuel THOMAS, Richard KNIGHT, William Arthur LLOYD, Robert LINDSAY et William JAMES.
La deuxième galerie « C1-3 » est totalement détruite du fait d’une explosion du 09 décembre 1915 avec une charge de 4 082 kg ; les câbles pour la mise à feu de la charge sont encore visibles dans les débris.
La troisième galerie « C1-4 » n’a pas été explorée par l’ASAPE 14-18 compte tenu de la fragilité de son intégrité ; il s’agit (d’après les plans) d’une double galerie de mines. Le rameau de gauche « C-1-4 Left » est terminé et, semble-t-il, encore intact, mais la charge dans le rameau de droite « C-1-4 Right » a été mise à feu le 09 juin 1916 avec 3 629 kg d’explosifs.
La quatrième galerie d’attaque « C1-5 » est totalement détruite depuis son départ suite à une explosion en date du 09 décembre 1915.
La cinquième « C1-6 » est une double galerie de mines. Cette galerie a encore ses portes anti-gaz fermées depuis 1916 ; impossible donc de rentrer dans cette galerie sans dénaturer le site. Toutefois, nous savons que son rameau de gauche est mis à feu en avril 1916 avec une charge de 2 267 kg.
La sixième galerie « C1-7 » comprend trois rameaux. Deux de ces rameaux sont neutralisés par une explosion allemande, la chambre du troisième rameau est mise à feu par les Britanniques le 27 mars 1916 avec 3 628 kg d’Ammonal.
La septième et dernière galerie accessible est la « C1-8 ». Elle donne accès à deux rameaux totalement détruits suite à une double explosion allemande en date du 04 février 1916 qui causa la mort de 16 mineurs. C’est la pire tragédie pour les Compagnies de Tunneliers britanniques sur le front occidental lors de la Grande Guerre.
L’exploration s’arrête à ce stade. Mais d’après les plans britanniques conservés aux « National Archives », le réseau se poursuit à son extrémité nord-ouest par l’une des galeries majeures du secteur – celle de 300 mètres qui avait pour objectif de miner la position allemande Y-SAP lors du lancement de l’offensive de la Somme. D’après nos relevés, le réseau à -24 mètres de profondeur est bloqué au niveau de la Départementale D929 reliant Albert à Bapaume ; sans doute est-ce la conséquence de travaux de voirie(s) ou les constructions de pavillons à ce niveau qui ont dû endommager un tronçon d’environ 30 à 40 mètres.
Pour accéder à cette partie, il faudrait descendre par l’un des puits au réseau inférieur situé à -30 mètres et remonter via un autre puits de l’autre côté de la route au niveau supérieur, tout en espérant avoir dépassé la galerie comblée.
Sur le papier et d’après les cartes, cela semble réalisable… La sécheresse actuelle qui frappe les nappes phréatiques des Hauts-de-France permet un accès au réseau profond, habituellement inondé. Cependant, le côté technique à mettre en place n’est pas une mince affaire ; notre équipe terrain travaille donc actuellement à ce projet, en collaboration avec des spéléologues et des pompiers professionnels afin de réunir toutes les conditions de sécurité nécessaires à cette exploration inédite.
Rendez-vous à l’été 2023…
L’EQUIPE ASAPE 14-18
ENGLISH VERSION :
It is an exceptional underground site, full of history, which ASAPE 14-18 had the opportunity to visit. Buried at a depth of 24m under the village of Ovillers La Boisselle is one of the many networks of British mine galleries.... That of the site of the Islet of La Boisselle (Granathof Stellung / GloryHole).
A mine war site in the department of the Somme, with, in particular, the world-famous British mine funnel - that of 01 July 1916 - the "Lochnagar Crater" in the immediate vicinity. However, the site is not promoted to its true value, despite the dedication of the volunteers of the "Association des Amis de l'îlot de la Boisselle" who, since 2013, under the presidency of Mrs. Claudie Lejeune-Llewellin, maintain this area of approximately 3 hectares, by preserving - on the surface - the scars of the mine funnels and - underground - a gently sloping access to the -9m level, vestiges of the access to the network of attack galleries located deeper
While the history of the Great War is gradually disappearing from school textbooks, the tunnels - here explored by ASAPE 14-18 - were nevertheless highlighted in the successful BBC series "Peaky Blinders" in 2013, in which the hero, Thomas Shelby, suffers from post-traumatic stress disorder as a result of the underground warfare against the German Pioneers during his engagement as a Tunnelling Engineer with the 179th Tunnelling Regiment of the Royal Engineers in the underground network of La Boisselle. This type of trauma is known as 'battle hypnosis'.
There is a sequence in Episode 1, Season 1, of Thomas Shelby's progress through one of these British tunnels close to the German enemy. A few minutes later, after hearing the sound of German picks and conversations, the wall of the British tunnel opens up, revealing a German pioneer armed with a knife who attacks Shelby and his fellow tunnelers. The latter retaliate with revolvers to neutralise the enemy.
Beyond the fiction, this kind of scene really happened on the site of La Boisselle, notably on 10 April 1916, when the British encountered a German tunnel from their work. No guns were fired but an explosion took place which killed all the British Tunnellers in the gallery. The bodies of these men (3 British Tunnellers and those of the German pioneers) still lie at -24m below ground on the site.
Where does fiction end and historical reality begin?
The reference in the series to the presence of a Thomas Shelby, a member of the Peaky Blinders gang in the Tunnelling Regiment of the 179th Royal Engineers, is unfortunately not authenticatable.
The reason is simple: there was no 'Thomas Shelby' among the 'figures' of this Birmingham gang. This is a fabrication of the BBC. However, the majority of the real gang members - aged between 25 and 35 at the time of the First World War - may well have enlisted in various British regiments to fight in and under the lands of Flanders and Northern France.
However, it is - historically correct - that the regiment mentioned in the series: The 179 Tunnelling Company Royal Engineers was responsible for the 4 tunnels that exploded on the morning of 1 July 1916 in this commune of La Boisselle, including the famous mine that caused the Lochnagar crater (La Grande Mine). This is surely the reason why the BBC producers decided to involve their hero in this regiment of miners.
The network of the îlot de la Boisselle is extremely complex and differs from the underground networks that ASAPE 14-18 usually studies in the Oise.
Although the depths reached here in the Somme are much the same as in our sector, the 'shaft' access and routes undertaken by the British differ from the strategies adopted in the Oise.
What is not different is the initiative in this mine war!
Here again, the Imperial forces took the lead by initiating the construction of galleries towards the enemy lines at the start of the war of position.
In early November 1914, while the sector was still held by the French, suspicious underground noises were heard, suggesting that the Germans were trying to infiltrate underground towards their front line.
At the end of November, with the German work getting very close, the 11th Battalion of the 6th Engineers decided to dig 4 mine shafts to quickly reach the depth of the German attacks. These 'Big Shafts' as the Engineer Officers' manuals indicate, were 1m32 by 1m32.
In December 1914, they reached a depth of 6m before going into 'combat shoots' - according to accounts of the time.
As a general rule, these shafts opened into half galleries 1.30m high and then narrowed into 'large branches' (1m x 0.80m) and then 'battle branches' (0.70m x 0.60m) as they approached enemy positions. However, the short distance between the French and German positions in this sector may have forced the French Engineers to attack directly down the shaft via combat branches. In any case, in the limestone of the Somme, like that of the Oise, the sounds of mine workings could be heard by the enemy from a distance of 40m...
At the end of December, the French (mainly regiments recruited in Brittany) noticed that the Germans had received more than 5,000 wagons of equipment and no less than 60,000 sandbags in the sector. From then on, it was clear that the Germans were going to fortify the sector and build an underground defence network. This strategy consisted - among other things - in digging deep shelters (7m deep on average) which would allow - a few months later - in July 16, to preserve the lives of German soldiers during the artillery preparation announcing the offensive of the Somme.
The first underground mine explosion was set off by the Germans on 2 January 1915. Its purpose was to neutralise the French works (the 4 shafts) started by the Engineers from the cellars of the Ilot de la Boisselle farm.
The Bavarian pioneers had no doubt overindulged in their excellent beer on New Year's Eve as it would seem that they were not thinking clearly when calculating the distances and orientations of their attack galleries.
Their own mine is simply... under their front line! Firing it neutralises their entire left wing!
Their second mine, a few days later, was also miscalculated and left the French works intact.
Faced with the impossibility of neutralising the French via the underground, the Germans therefore launched a surface attack - by infantry - in order to neutralise access to the French mine shafts.
The mine and counter-mine war in this sector began in early 1915 between the Germans and the French at a depth of between 9 and 12 metres. Explosions followed one another on both sides with varying degrees of success. Very quickly the quantities of explosives used exceeded several tonnes.
For example, on 7 February 1915, a German explosion of 2.5 tonnes consisting of almost 100 boxes of explosives and 1200 sandbags took place. In reaction, the French charges at the bottom of the galleries of 3 of the 4 shafts were set off.
Shortly afterwards, the Germans proceeded to organise their underground network. They abandoned the shaft access (vertical access to the underground network) and began to dig 16 galleries on a gentle slope. According to the German archives, they were all interconnected at mid-slope, thus allowing air circulation as well as the circulation of men. The Germans went deep into the limestone ground, to -24m and probably beyond 30m. The presence of water extraction pumps indicates that they are at (or just above) the water table. As the water table is at -36m in the area, we can assume that the Germans have reached a lower depth than the British works. This gives them a clear advantage over their opponents.
The German network of mine galleries runs for several hundred metres and has never been explored since the end of the Great War. It is difficult to compare the tactics used by the different belligerents to undermine the works in front of them...
It would appear that the British - after the capture of the village of Ovillers la Boisselle on 4 July 1916 - destroyed all the entrances to the German network.
On this point, we strongly doubt this version, given the 18 to 22 surface entrances to the German underground network. Information at our disposal even suggests that it is possible that the remains of German shafts still exist on private land.
It seems more likely that these entrances were summarily filled in in 1919/1920 when the former battlefields were gradually recultivated.
The quickest method at the time was to dump battlefield waste - mainly stakes, iron sleepers and immeasurable amounts of barbed wire - into the entrances to the galleries/wells, covered with a few cubic metres of earth. Sometimes the vagaries of the climate or human action mean that these galleries come to life again.
This was the case in the commune of Ovillers La Boisselle, when a housing estate was being built. During this period, a developer had to call in several concrete truckloads to fill in part of the German network under the future foundations...
On 17 August 1915, the French surrendered the sector of the islet of Boisselle to the British troops. A regiment of newly formed Tunnellers: The 179. Tunnelling Company - Royal Engineers, will take over the mining of the Islet.
They were professional miners and decided in mid-September 1915 not to use the French underground works but to build their own system, slightly behind the first line. This allowed them to 'gently slope' up to the level reached by the Germans.
However, they soon realised that the new slopes undertaken would not allow them to reach the desired depth of -24m.
For this reason, from 13 October 1915 and after 25m of tunnelling, the British Tunnellers began to build vertical shafts. Some shafts plunged more than 15m.
Thus the British caught up with the estimated depth of the German works: -24m. From this depth, British mines of an average of 5 tons were detonated against the German underground works.
On the occasion of the Somme offensive, scheduled for 1 July 1916, the Tunnellers in the sector prepared several attack galleries in order to detonate charges simultaneously, a few minutes before the infantry assault on the surface, which - let's not forget it - caused 19,240 British deaths on the first day alone.
- The first tunnel consists of a 300m long route to the German Y-SAP position. The explosive load will be 18,144kg. Unfortunately, for this explosion project, the Germans spying on the British telephone lines would stand back just before the mine was detonated.
- Two other tunnels left the network explored by ASAPE14-18 with two charges of 3,629kgs each.
- Finally, the last 240m long tunnel is the one that will cause the funnel of 'The Big Mine' the Lochnagar Crater. It will be loaded with 27,215kgs of ammonal and will also be triggered a few minutes before the British assault.
These explosions in the commune of La Boisselle were among the 19 mines that exploded on the morning of 1 July 1916 to launch the Battle of the Somme.
- A mine in the commune of Beaumont Hamel containing 18,000kgs of explosives
- 4 mines in the commune of Ovillers La Boisselle for a total of 52,000kgs of explosives
- 3 mines in the commune of Fricourt for a total of 21,900kgs of explosives
- 8 mines in the commune of Mametz for a total of 2,381kg of explosives
- 3 mines in the commune of Carmoy for a total of 2,760kg of explosives.
EXPLORATION OF THE ISLAND NETWORK by ASAPE 14-18 (British network located at a depth of -24m starting from the site of the islet of Boisselle)
It is by the British access created on September 18, 1915 that we reached the -9m level. This access is called by the British "X Adit". (Translation: X Access Gallery).
Then, our logistics and our caving members allowed us - in complete safety - via the shaft "SHAFT W", 15m deep, to access the British attack network at a depth of 24m.
The discovery and opening of part of this underground network is the result of the work of a British study group : La Boisselle Study Group.
As mentioned earlier, this is a 100% British network which was built during an intense mine war in the area. (January 1915 - July 1916)
The initial objective of ASAPE 14-18 was to explore the system at -24m and to study the feasibility of safe access to the even deeper system at -30m. It seems to have never been explored because of the presence of water rising via the water table. This descent also allowed us to compare British mine warfare tactics with those used by French and German forces in the Moulin-Sous-Touvent (Oise) area.
Descending to the bottom of the shaft and in teams of 3, we discovered the main gallery of the first British system. The shaft gives access to the centre of the pathway of a vast interconnected underground system.
- To the South East: The so-called 'W' system, with its 'W' main gallery
- To the North West: The 'C' system. With its main gallery "C1-1".
These two systems are each articulated around a main gallery. They are parallel to the front and cover two depths. The first system dates from 1915 and runs to a depth of 24m. The second system runs at a depth of 30m and is dated 1916. It is almost vertical to the first one and just as developed.
The main gallery of System W is about 1.40m high and 1m wide. It is cut in a rather crude ogive shape. On the ground, the remains of the 30 cm wide wooden rails are still visible and preserved. This track was used to evacuate the excavated material and also to discreetly transport the boxes of explosives to the various furnaces which developed from this main gallery. It should be noted that these rails only run in the main galleries. This represents almost 300/350m of rail...
On the ground, many remains are still present: British 303.British cartridges, single or with a blade, remains of candles, miners' tools, ventilation system, water evacuation pipes, canteens, electrical cables, etc...
From this network at -24m, rooms built adjacent to the main gallery give access to new shafts which descend to the lower level: this is the access to the attack level at -30m. Flooded a few years ago, the shafts are now dry due to the drought that affects our region. This suggests that the -30m level is now accessible. We counted 4 descending wells and 3 ascending wells (towards the surface or towards an intermediate level not mentioned on the maps).
However, we had not taken into account the extent of this network, which requires for each team about 2h30 of exploration... The ASAPE logistics do not have the time to go down to -24m to allow us access to the network still below.
This "W" system gives access to 4 attack galleries starting from the main gallery. All these galleries have a series of two wooden doors covered with tar paper. The frame is masonry and the whole is framed by bricks. These are gas doors.
Indeed, the configuration of the British network which is articulated around a main gallery has a big disadvantage: the propagation of the gases known as "deleterious gases" comes from the explosions of several tons triggered at the end (or near) of the attack galleries.
These doors are supposed to contain the gases in the attack gallery and keep the rest of the network free of foul and/or deadly air. However, it appears that there were places for air extraction pipes in the masonry of these doors in order to extract the stale air more quickly.
The attack galleries are perfectly cut with dimensions of 1m by 0.80cm wide. The pathway extends for 25 to 30m. They end up in an explosion chamber at right angles.
The volume of these chambers is considerable (compared to our sector of the Oise). These blast chambers called "Fourneaux de mines" can hold several tons of explosive (from 3 to 5 tons)
We counted 5 mine galleries noted "W1, W2, W3, W4". A fifth one directly below Shaft W has no official numbering. We will note it as 'W0' for clarity in the description.
- The first gallery (W0) is totally collapsed due to the explosion of a German mine of 15 tons on 22 November 1915. This heavy charge caused the nearby British mine to explode by reaction. Six men were killed underground. The bodies of two of them still lie behind the scree. They were John LANE and Ezekiel PARKES.
- The gallery (W1) collapsed from 10m onwards. A British charge of several tons exploded there on 9 June 1916.
- The next two (W2 and W3) are in perfect condition. The chambers at the end of the 30m galleries are ready to receive explosives.
- The fourth gallery (W4) exploded on 3 May 1916 with a charge of just over 3 tonnes. However, after the explosion, the British Tunnellers dug a new chamber in parallel to the destroyed one in order to protect themselves from a German attack.
Note the presence of the remains of bags on the ground in these chambers. At first we thought these were the remains of explosive bags but British underground warfare techniques tell us that this was a technique used to reduce noise. Indeed, the eavesdroppers (these men in charge of listening to the sounds coming from the adversary) work here without shoes, on a bed of sandbags to be as discreet as possible. So the bags found in these blast chambers are the remaining evidence of this British technique.
We are surprised by the quality of the air at this depth: O2 is not rarefied and no gas is detected by our measuring devices. We even detect a current of air circulating in this network at -24m - which indicates that there is, somewhere on the surface, another access to this network allowing the circulation of air.
In the northwest, the "C system" is a real labyrinth...
Much more extensive than the South-East part, it extends over 200/250m. The main gallery (C1-1) also has its wooden rails for 12 inch wagons. It gives access to 7 attack galleries. It has a slight slope placing it at a depth of -21m.
- The first drift named "C1-2" is totally collapsed. The collapse is due to the explosion of a German mine on 19 December 1915. 5 miners are buried in this gallery. Their bodies still lie a few metres behind the scree. Their names are Samuel THOMAS, Richard KNIGHT, William Arthur LLOYD, Robert LINDSAY and William JAMES.
- The second gallery 'C1-3' was totally destroyed by an explosion on 9 December 1915 with a charge of 4,082 kgs. The cables for firing the charge are still visible in the debris.
- The third gallery 'C1-4' was not explored by ASAPE 14-18 because of its fragile integrity. It is (according to the plans) a double mine gallery. The left-hand shaft 'C-1-Left' is complete and apparently still intact. However, the charge in the right-hand shaft 'C-1-Right' was fired on 9 June 1916 with 3,629 kg of explosives.
- The fourth attack gallery 'C1-5' has been totally destroyed since its departure following an explosion on 9 December 1915.
- The fifth 'C1-6' is a double mine gallery. This gallery still has its gas doors closed since 1916. It is therefore impossible to enter this gallery without damaging the site. However, we know that its left-hand branch was fired in April 1916 with a charge of 2,267kgs.
- The sixth gallery 'C1-7' has three branches. Two of these were neutralised by a German explosion. The chamber of the third branch was fired by the British on 27 March 1916 with 3,628kgs of Ammonal.
- The seventh and last accessible gallery is 'C1-8'. It gives access to two branches that were totally destroyed by a double German explosion on 4 February 1916. We assume that it was in this gallery that an explosion caused the death of 16 miners. This was the worst tragedy for the British Tunnelling Companies on the Western Front in the Great War.
Exploration stopped at this point. But according to British plans held in the National Archives, the network continues at its north-western end through one of the major galleries in the area - the 300m long one that was intended to undermine the German Y-SAP position when the Somme offensive was launched. According to our readings, the network at -24m depth is blocked at the level of the D929 road linking Albert to Bapaume. We hypothesize that road works or the construction of houses at this level must have blocked a section of about 30 to 40 m.
To access this part, you would have to go down one of the shafts to the lower network located at -30m and go back up via another shaft on the other side of the road to the upper level, while hoping to have passed the filled-in gallery...
On paper and according to the maps, this seems feasible... The current drought that is affecting the water tables in Hauts-de-France allows access to the deep network, which is usually flooded. However, the technical side of this is not an easy task. Our field team is therefore currently working on this project, in collaboration with professional cavers and firemen, in order to meet all the safety conditions necessary for this unprecedented exploration.
See you in the summer of 2023...
THE ASAPE 14-18 TEAM
ASAPE1418 Vs Peaky Blinders: Promotional video available at this address:
https://youtu.be/2xy0iqPpO_Q
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