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Analyse technique et historique du PUITS N°7

Il s'agit ici de l'analyse globale d'un champ de bataille souterrain, opposant du coté Français : le Puits N°7 face aux galeries allemandes se trouvant face à lui : Les galeries de mines G23 et G24.


𝗦𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗹𝗮𝗻 𝗵𝘂𝗺𝗮𝗶𝗻 : Les forces en présence opposent d’un côté :

→ Das Pionnier Bataillon N°9 → Das Pionnier Bataillon N°11

𝘿𝙚 𝙡’𝙖𝙪𝙩𝙧𝙚 : → Le 4ème Génie Compagnie d’étape 19/1 → Le 4ème Génie Compagnie de Mineurs M7t

Nous ne listerons pas les régiments d’infanterie stationnés en surface du fait qu’ils ne travailleront dans ces ouvrages souterrains qu’uniquement pour l’évacuation des déblais ou bien pour prêter main forte au transport du matériel.


𝗦𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗹𝗮𝗻 𝘁𝗲𝗺𝗽𝗼𝗿𝗲𝗹 : L’opposition - à proprement parler - entre les Pionniers allemands et les Sapeurs français dans le secteur du puits 7 se déroulera du 03 Février 1915 au 17 Mars 1917, date du retrait allemand dans le cadre de l’opération ALBERICH. Cela dit, les Allemands sont à l’œuvre sur leurs galeries de mines depuis la mi-Octobre 1914 mais sans travaux de contre-mines français face à eux.


𝗦𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗹𝗮𝗻 𝗴𝗲́𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗾𝘂𝗲 : Le sol de ce secteur de l’Oise se compose de quatre couches géologiques bien distinctes : →Une épaisseur de terre arable d’environ 2 à 3 mètres. →Une épaisseur de craie friable d’environ 1mètre. →Une épaisseur de craie calcaire tendre d’une vingtaine de mètres →La couche de sable cuisien (impossible à mesurer, les belligérants n’y ont pas progressé.



𝗦𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗹𝗮𝗻 𝗴𝗲́𝗼𝗴𝗿𝗮𝗽𝗵𝗶𝗾𝘂𝗲 : La partie du champ de bataille étudié ici représente une zone de 142m de large sur 135m de profondeur. Le « no man’s land » (La distance entre la première ligne allemande et la première ligne française, appelée en français « Zone interdite ») mesurait 43m jusque fin Janvier 1915.

A cette période, lors du recul stratégique de la première ligne française face au danger des travaux de mines allemands, la distance du « No man’s Land » s’est alors portée à 88m.


𝗗’𝘂𝗻 𝗽𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲́𝗳𝗲𝗻𝘀𝗶𝗳 : Le P7 est idéalement situé pour détecter toute incursion souterraine allemande provenant de n’importe quel réseau se trouvant face à lui et cela, peu importe la profondeur d’attaque ennemie. Malheureusement, la totalité des galeries allemandes sont à un niveau inférieur à lui. Il est donc impossible depuis le P7 de prendre l’avantage sur les ouvrages allemands. De plus, les travaux du P7 débutent 3 mois et demi après ceux des Allemands. Le retard accumulé ne joue pas en faveur de l’ouvrage français.


𝗗’𝘂𝗻 𝗽𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗼𝗳𝗳𝗲𝗻𝘀𝗶𝗳 : La situation n’est guère meilleure :

L’unique puits Français, le P7 est opposé à deux ouvrages allemands. Le rapport de force, comme partout sur le secteur, est nettement en faveur des Allemands . L’un des deux systèmes ennemis (G24) est d’ailleurs déjà bien avancé s’enfonçant à -22m de profondeur avec une pente de 42%.

Avant même le premier coup de pioche français afin d’ouvrir le P7 du 03 Février 1915 que les Allemands couvrent déjà trois niveaux de défense bien distincts à : -12m, -15m et même à -22m… Le seul cheminement possible pour les Français est une direction qui les amène à se faufiler entre les deux systèmes souterrains allemands leur faisant face : G23 sur leur gauche et G24 sur leur droite.

Ce tracé expose donc les Sapeurs du P7 au grand risque d’être pris sur les deux flancs par une ou plusieurs galeries allemandes.


𝗢𝗖𝗧𝗢𝗕𝗥𝗘 𝟭𝟵𝟭𝟰 – 𝗝𝗔𝗡𝗩𝗜𝗘𝗥 𝟭𝟵𝟭𝟱 :

Les Allemands tiennent fermement la surface, avec notamment un important poste de mitrailleuses prénommé « Wald Eck » (Le coin du bois), ainsi qu’un abri pour projecteurs qui permet de balayer toute la plaine.

Cette position contribuera à repousser les assauts français d’infanterie lors des offensives de Décembre 1914 en prenant les assaillants en enfilade. Les Allemands débutent à la mi-Octobre 1914 la construction de deux ouvrages d’attaques par la mine. Des bruits suspects sont d’ailleurs entendus dès le 19 Octobre 1914 mais l’Etat-Major français ne prend pas la menace souterraine ennemie au sérieux et préfère rassurer les troupes en affirmant qu’il es𝘵 « 𝘪𝘮𝘱𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘤𝘳𝘦𝘶𝘴𝘦𝘳 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦 𝘴𝘰𝘭 𝘤𝘢𝘭𝘤𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦 𝘴𝘦𝘤𝘵𝘦𝘶𝘳 »… Compte tenu de son étendue, de sa profondeur et de sa topographie générale, c’est sûrement la galerie du système 𝗚𝟮𝟰 𝗱𝗶𝘁𝗲 « 𝗪𝗮𝗹𝗱 𝗘𝗰𝗸 » qui est la première amorcée sur le secteur.

Le systeme 𝗚𝟮𝟯 𝗱𝗶𝘁 « 𝗩𝗲𝗿𝗯𝗿𝗲𝗰𝗵𝗲𝗿 𝗞𝗲𝗹𝗹𝗲𝗿 » est élaboré un peu plus tard, sûrement à la fin de l’année 1914 ou tout début 1915. Ces deux ouvrages sont distants l’un de l’autre de 90m et prennent tout deux naissance dans la première ligne allemande. Les Allemands optent pour une descente en galerie qui est comprise entre 40 et 45% afin de gagner les profondeurs le plus rapidement possible. Face à eux, les Français ne font aucun travail de mines. Ainsi, ils ont le champ libre pour développer leurs galeries et leurs postes d’écoutes.

Le 26 Janvier 1915, 60 jours après le tout premier rapport français signalant des « bruits souterrains suspects », la 12. Kompanie du Füsilier Regiment Nr. 90 déclenche à 23h20 (heure allemande) ses premières explosions de mines du secteur, causant la disparition de 24 hommes, 3 morts et 22 blessés.


Le 27 Janvier 1915 l’Etat-Major français ordonne un recul de 30 à 50m des premières lignes françaises et préconise de ne laisser dans les anciennes premières lignes que quelques sentinelles. Sur ce secteur précis, les Français reculent de 50m leurs premières lignes. L’ancienne première ligne (le boyau du 42eme) ne sera occupée désormais que par des sentinelles durant le reste de la guerre. (Février 1915-Mars 1917).

Nous supposons que des bruits de construction provenant des galeries G23 et/ou G24 sont perçus sur ce secteur par les Français. Encore sous le choc de l’explosion du 26 janvier 1915, ces hommes ont dû être très attentifs aux moindres signes de travaux souterrains ennemis.


𝗙𝗘𝗩𝗥𝗜𝗘𝗥 𝟭𝟵𝟭𝟱 :


Du 03 Février 1915 au 08 Février 1915, le Génie débute la construction du Puits 7 à partir d’un abri de la nouvelle première ligne. Le secteur de construction est nommé « 𝘖𝘶𝘷𝘳𝘢𝘨𝘦 𝘉𝘦𝘭𝘭𝘦𝘷𝘪𝘭𝘭𝘦 ». Le puits fera 5m30 via le fond de cet abri ou 7m10 depuis la surface. Il s’agit d’un abri qui n’est pas à l’épreuve des projectiles. Il ne se trouve qu’à 1m de profondeur. L’abri comprendra le matériel propre au service du Génie ainsi qu’un treuil pour évacuer les rejets liés à la construction.


« 𝘓𝘦𝘴 𝘱𝘶𝘪𝘵𝘴 𝘱𝘦𝘳𝘮𝘦𝘵𝘵𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦 𝘨𝘢𝘨𝘯𝘦𝘳 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘷𝘪𝘵𝘦 𝘭𝘢 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘰𝘯𝘥𝘦𝘶𝘳 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘪𝘭𝘴 𝘳𝘦𝘯𝘥𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘢 𝘷𝘦𝘯𝘵𝘪𝘭𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘪𝘧𝘧𝘪𝘤𝘪𝘭𝘦 𝘦𝘵 𝘨𝘦̂𝘯𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘶𝘷𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘥𝘶 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘰𝘯𝘯𝘦𝘭 𝘦𝘵 𝘥𝘦 𝘮𝘢𝘵𝘦́𝘳𝘪𝘦𝘭 𝘦𝘵 𝘭’𝘦́𝘷𝘢𝘤𝘶𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴 𝘥𝘦́𝘣𝘭𝘢𝘪𝘴. 𝘐𝘭𝘴 𝘥𝘰𝘯𝘯𝘦𝘯𝘵 𝘢𝘶 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘰𝘯𝘯𝘦𝘭 𝘲𝘶𝘪 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘢𝘪𝘭𝘭𝘦 𝘢𝘶 𝘧𝘰𝘯𝘥 𝘶𝘯𝘦 𝘪𝘮𝘱𝘳𝘦𝘴𝘴𝘪𝘰𝘯 𝘥’𝘪𝘯𝘴𝘦́𝘤𝘶𝘳𝘪𝘵𝘦́ 𝘱𝘢𝘳𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦, 𝘦𝘯 𝘤𝘢𝘴 𝘥𝘦 𝘥𝘢𝘯𝘨𝘦𝘳, 𝘪𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘥𝘪𝘧𝘧𝘪𝘤𝘪𝘭𝘦 𝘥𝘦 𝘴𝘰𝘳𝘵𝘪𝘳 𝘱𝘢𝘳 𝘶𝘯 𝘱𝘶𝘪𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘱𝘢𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘨𝘢𝘭𝘦𝘳𝘪𝘦𝘴. » Extrait des cours de fortification, 1° section, La Guerre de mines.

Arrivés à la profondeur de 7m10, au soir du 08 Février, les Sapeurs amorcent une demi-galerie (environs 1m30 de hauteur sur 1m de large) vers la première ligne allemande. Les relevés LIDAR et topographiques de l’ASAPE 14-18, laissent penser que les Français prennent comme « visée » le Stollen 1D situé en première ligne allemande, à 104m de là.

Le 04 Février 1915 en avant du P7, des écoutes réalisées par le Capitaine du Génie GOURLAT à partir d’une sape creusée depuis la surface détectent des bruits d’un travail souterrain légèrement sur la droite du nouveau puits P7. Ces bruits se trouveraient – d’après lui - dans un rayon de 15m. Nous reviendrons, un peu plus tard, sur cette écoute et cette distance du Capitaine GOURLAT…

Pour faire face à la nouvelle menace souterraine française, les Allemands dans le système G23- après avoir amorcé 8m de nouvelle galerie aménagent des postes d’écoutes et stoppent les travaux.

Dans le system G24, les Pionniers sont déjà a -22m et s’apprêtent -d’après un schéma classique sur le secteur- à créer un double rameau en « V » qui devait défendre profondément le secteur. Les Pionniers appliquent ici - sans adversaire souterrain face à eux - les principes inscrits dans leur manuel.


Le schéma de G24 correspondant en tout point à l’Article 1 de leur manuel : « 𝘚𝘪 𝘭𝘢 𝘥𝘪𝘴𝘵𝘢𝘯𝘤𝘦 𝘢̀ 𝘭𝘢𝘲𝘶𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘴𝘦 𝘵𝘳𝘰𝘶𝘷𝘦 𝘭’𝘢𝘥𝘷𝘦𝘳𝘴𝘢𝘪𝘳𝘦, 𝘭𝘢 𝘯𝘢𝘵𝘶𝘳𝘦 𝘥𝘶 𝘴𝘰𝘭 𝘦𝘵 𝘭𝘦 𝘳𝘦́𝘨𝘪𝘮𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘯𝘢𝘱𝘱𝘦 𝘴𝘰𝘶𝘵𝘦𝘳𝘳𝘢𝘪𝘯𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘮𝘦𝘵𝘵𝘦𝘯𝘵 𝘶𝘯𝘦 𝘨𝘶𝘦𝘳𝘳𝘦 𝘴𝘰𝘶𝘵𝘦𝘳𝘳𝘢𝘪𝘯𝘦, 𝘪𝘭 𝘧𝘢𝘶𝘵 𝘤𝘰𝘮𝘱𝘵𝘦𝘳 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘱𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘪𝘭𝘪𝘵𝘦́ 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘢𝘵𝘵𝘢𝘲𝘶𝘦 𝘦𝘯𝘯𝘦𝘮𝘪𝘦 𝘱𝘢𝘳 𝘭𝘢 𝘮𝘪𝘯𝘦. 𝘖𝘯 𝘯𝘦 𝘱𝘦𝘶𝘵 𝘺 𝘱𝘢𝘳𝘦𝘳 𝘲𝘶𝘦 𝘱𝘢𝘳 𝘶𝘯 𝘴𝘺𝘴𝘵𝘦̀𝘮𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘦𝘹𝘦́𝘤𝘶𝘵𝘦́ 𝘮𝘦́𝘵𝘩𝘰𝘥𝘪𝘲𝘶𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘥𝘦𝘴 𝘨𝘢𝘭𝘦𝘳𝘪𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘮𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘴𝘴𝘦́𝘦𝘴 𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘭’𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦𝘴𝘲𝘶𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘴’𝘦𝘮𝘣𝘳𝘢𝘯𝘤𝘩𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘦𝘴 𝘨𝘢𝘭𝘦𝘳𝘪𝘦𝘴 𝘥’𝘦́𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘳𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘦𝘯 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵. »


La topographie réalisée par l’ASAPE 1418 fait apparaître l’angle que devaient prendre ces deux galeries d’écoutes. Les postes d’écoutes devant être éloignés de 25 à 30m afin de définir avec exactitude les bruits perçus, (Croisement des écoutes), il est possible de projeter les travaux envisagés par les Allemands




Toutefois, le début des travaux français du P7, le 03 Février 1915, mettent fin au projet initial allemand. Ils décident immédiatement de créer une chambre d’écoute au plus profond de leur ouvrage (-22m), sur leur droite, vers les bruits entendus.



Les Allemands ne savent pas encore à quelle profondeur les Français vont descendre avec le puits P7. Il est donc possible que dans un avenir plus ou moins proche, les Pionniers soient obligés de charger cette pièce d’explosifs et d’en faire un « 𝘧𝘰𝘶𝘳𝘯𝘦𝘢𝘶 𝘥𝘦 𝘮𝘪𝘯𝘦𝘴 ». Dans cette optique, ils ont réalisé ce poste avec un angle droit pour contenir le souffle d’une explosion. Une série d’ébauches de masques pour caler les sacs de bourrages est visible dans G24 mais rien n’a abouti.

Dès la mi-Février 1915, une fois les Français « en galerie » dans le P7, les Allemands déterminent que les Français cheminent à une profondeur avoisinant les 7m. En réponse, ils conçoivent dans le système G24, une nouvelle galerie en plan à 15m de profondeur et qui avance de 4m – avec comme visée - les bruits produits par les Sapeurs français alors situés à 87 m. La projection de ce nouveau cheminement allemand via G24 - à l’aide des topographies du secteur -confirme cette hypothèse.

Le 10 Février 1915 les Sapeurs de la Compagnie M7 travaillant dans le P7 ont déjà progressé vers l’avant de 5m80. Sans le savoir - 1 semaine après le début des travaux - ils sont déjà pris pour cible par deux ouvrages ennemis.

Concernant les écoutes du Capitaine GOURLAT, qui - de son poste d’écoute en avant des travaux du P7 - annonçait le 04 Février 1915 un travail allemand dans un périmètre de « 15𝘮 𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘭’𝘢𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘦𝘵 𝘭𝘦́𝘨𝘦̀𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘥𝘳𝘰𝘪𝘵𝘦 » Un relevé LIDAR du secteur a permis de situer ce point d’écoute. Un cercle d’un diamètre de 15m est alors délimité sur notre carte.

Ce périmètre ne comprend pourtant aucune construction allemande ! La roche étant extrêmement conducteur des bruits, il est tout à fait probable que le Capitaine GOURLAT ait entendu des bruits provenant de la chambre d’écoute de G24 alors en construction. Toutefois, la distance n’est pas de 15m, mais de 48m.


Notons que notre étude au sujet de la propagation des bruits souterrains a démontré qu’il est possible - sans instrument - d’entendre des bruits à plus de 100m sur le secteur et sans définir la direction.

Les écoutes de ce début Février 1915 réalisées par les officiers du Génie français n’en sont sans doute qu’à leur début, il est donc concevable qu’ils ne soient pas encore habitués à l’environnement sonore propre à ce secteur et que l’évaluation des bruits, leur nature et leurs directions, manquent cruellement de précision. Les rapports d’époque parlent d’ailleurs d’une portée maximale de 60m à l’oreille pour entendre les bruits… et 80m avec du matériel spécifique.


Dans l’absolu, l’ASAPE 14-18 a démontré que la portée de ces bruits, - sans appareil – pouvait atteindre le double de cette distance. Notre mesure maximale porte à 108m.


𝗠𝗔𝗥𝗦 𝟭𝟵𝟭𝟱 : Cette nouvelle galerie dans G24 progresse désormais de 16m50. Un changement d’angle est perceptible sur notre topographie. Ceci démontre la volonté allemande de se placer en parallèle des travaux français, alors en pleine progression.


Les travaux allemands, dans G24, arrêteront cette progression lorsqu’ils auront la certitude qu’ils ne sont pas pris pour cible par les Sapeurs français et que ces derniers passent bien « au large » et en ligne droite… Elle servira de point départ pour une éventuelle galerie d’attaque sur le flanc du P7.

Les Allemands surveillent avec une grande attention l’avance française qui progresse rapidement mais à distance raisonnable de 74m.


Le 25 mars 1915, d’après le JMO de la Compagnie du 4eme Génie, le P7 chemine déjà de 27m vers l’avant en direction des lignes allemandes. Le Stollen 1D, semble toujours être la visée des Français.



« 𝘓𝘢 𝘷𝘪𝘵𝘦𝘴𝘴𝘦 𝘥’𝘢𝘷𝘢𝘯𝘤𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵, 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘶𝘯 𝘵𝘳𝘢𝘷𝘢𝘪𝘭 𝘢̀ 𝘣𝘳𝘢𝘴, 𝘴𝘢𝘯𝘴 𝘣𝘰𝘪𝘴𝘦𝘳, 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘢 𝘤𝘳𝘢𝘪𝘦 𝘦𝘴𝘵 𝘥𝘦 3 𝘢̀ 4𝘮 𝘱𝘢𝘳 𝘫𝘰𝘶𝘳 » Extrait des cours de fortification, 1° section, La Guerre de mines.

Dans le P7, l’avancement dans les mêmes conditions que précitées, l’avancement sera - au plus- rapide de 2m50 par jour et cela, uniquement en début de progression. Par la suite, l’avance ne dépassera pas 1m par jour. Ceci va conduire le commandement du Génie à sanctionner fin Mars 1915, les Sapeurs/Mineurs travaillant dans la galerie du P7, notamment en divisant par deux leur ration de vin quotidien, en guise de punition…


𝗔𝗩𝗥𝗜𝗟 𝟭𝟵𝟭𝟱 :

Le P7 avance en quasi ligne droite. Des rectifications de trajectoire (8 corrections relevées) sur cette partie, démontrent tout de même la volonté du Génie français d’atteindre un point bien précis via ce cheminement.

Le 16 Avril 1915 il avance de 39m70. A ce stade, les Français vont utiliser une perforatrice pneumatique pour gagner en vitesse jusqu’au 21 Avril 1915. Les Allemands n’ont- quant à eux- pas bougé depuis la mi-Février. Ils écoutent la progression française depuis leurs différents postes d’écoutes présents dans les systèmes : G23 et G24. Le croisement de toutes ces sources sonores permet aux Allemands de définir l’emplacement exact des Français dans l’environnement souterrain. Les Français ne présentent aucun signe de menace pour eux. Ils cheminent toujours en ligne droite et ne pas prendre une direction d’attaque vers l’une de leurs positions, qu’elles soient souterraines ou de surface.


Le 24 Avril 1915, les Français se trouvent à l’aplomb de leur ancienne première ligne de surface laissée aux bons soins des sentinelles depuis le 27 Janvier 1915. Des mesures au plafond -découvertes dans le P7- semblent bien indiquer que les Sapeurs français souhaitaient stopper l’avance au niveau de leur ancienne première ligne. Nous pouvons aussi avancer l’hypothèse que sur les 48m déjà parcourus via la galerie du P7, il y avait que très peu de chance pour les Sapeurs de croiser l’adversaire Allemands… D’où la ligne droite, d’où l’avance rapide et l’utilisation d’un matériel pneumatique quasiment en bordure du « No Man’s Land ». N'avançant pas plus loin que leur ancienne première ligne et en ne pénétrant pas dans le « No man’s Land », le conflit rentre dans une « défensive par la mine. » Une trace rupestre située à cet endroit précis, représentant schématiquement l’angle à entreprendre, semble bien démontrer que les Sapeurs français n’avaient comme objectif que l’aplomb de leur ancienne première ligne. Tout laisse donc à penser qu’il n’était donc pas question d’aller plus loin vers l’avant.

Malheureusement, une progression de quelques mètres supplémentaires - côté français (environ 8m) - va compromettre la sérénité des Pionniers allemands… En effet, une nouvelle direction est retenue qui place désormais la tête de la galerie du P7 en face à face avec l’ouvrage G23, alors distant d’un peu plus de 52m.


Entre le 24 et le 27 avril 1915 - Période de construction de ces 6 derniers mètres - les bruits du travail français perçus dans le système G23 se sont donc mis progressivement à se rapprocher des écouteurs allemands tandis qu’à l’inverse dans le système G24, les bruits se sont éloignés des écouteurs… Le changement de direction opéré par les Français est immédiatement capté et la direction établie.

Les Allemands ne savent pas que les Français établissent seulement un poste d’écoute dans le P7. Pour eux, le changement de direction indique que les Français avancent désormais vers eux.

L’alerte est immédiatement donnée ! Pour prendre l’avantage dans la guerre de mines, il faut :

« 𝘋𝘦𝘷𝘢𝘯𝘤𝘦𝘳 𝘭’𝘦𝘯𝘯𝘦𝘮𝘪, 𝘷𝘪𝘴𝘦𝘳 𝘭𝘦 𝘧𝘭𝘢𝘯𝘤 𝘥𝘦 𝘴𝘦𝘴 𝘤𝘩𝘦𝘮𝘪𝘯𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴, 𝘧𝘳𝘢𝘱𝘱𝘦𝘳 𝘢𝘶𝘴𝘴𝘪 𝘧𝘰𝘳𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘱𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘭𝘦 𝘦𝘵 𝘴𝘦𝘶𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘢𝘯𝘥 𝘰𝘯 𝘴𝘦 𝘵𝘳𝘰𝘶𝘷𝘦 𝘢̀ 𝘣𝘰𝘯𝘯𝘦 𝘱𝘰𝘳𝘵𝘦́𝘦 »


Respectant ces principes, les Pionniers allemands entreprennent donc une nouvelle galerie depuis le système G23, avec une trajectoire qui croisera ou se placera à proximité du futur cheminement français. Cette nouvelle galerie permet également de protéger le flanc de leur ouvrage G23.

Comme le veut la règle, ils vont se placer à un niveau légèrement inférieur aux Français, soit à -12m. Les Allemands avancent rapidement à l’aide d’explosifs sur une distance de 10m et seront détectés par les écouteurs français comme le mentionne le rapport d’écoute du Lieutenant Marmasse de la Compagnie M7 du 4ème Génie, daté du 27 Avril 1915:


« 𝘌𝘤𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘳𝘦́𝘢𝘭𝘪𝘴𝘦́𝘦𝘴 𝘢̀ 11𝘩30, 17𝘩30 𝘦𝘵 1𝘩30 : 𝘉𝘳𝘶𝘪𝘵𝘴 𝘥𝘦 𝘱𝘪𝘰𝘤𝘩𝘦𝘴 𝘢𝘴𝘴𝘦𝘻 𝘥𝘪𝘴𝘵𝘪𝘯𝘤𝘵𝘴 𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘢 𝘨𝘢𝘶𝘤𝘩𝘦. 𝘌𝘹𝘱𝘭𝘰𝘴𝘪𝘰𝘯𝘴 𝘴𝘰𝘶𝘵𝘦𝘳𝘳𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘶𝘦𝘴 𝘢̀ 12𝘩45 : 5, 17𝘩15 : 4, 18𝘩15 : 1, 19𝘩00 : 2, 20𝘩00 : 3, 20𝘩30 : 3, 1𝘩00 : 6 ; 3𝘩45 : 2, 4𝘩45 : 3, 5𝘩00 : 6. "


A la date de ces écoutes, les Français se trouvent alors à 51m40, en train de finir l’aménagement du poste d’écoute qui sera plus tard un « 𝘨𝘢𝘳𝘢𝘨𝘦 𝘢̀ 𝘮𝘢𝘵𝘦́𝘳𝘪𝘢𝘶𝘹 ». La galerie G23 allemande est donc détectée par les Français. L’avance française est stoppée. En réponse, les Allemands stoppent immédiatement l’avance de leur nouvelle galerie du système G23.

Notons qu’il n’y a aucune réaction du côté des Pionniers présents dans G24 face à ce changement de direction du P7. L’éloignement des bruits français - indiquant que la menace s’éloigne - peut expliquer que le système G24 ne soit pas intervenu envers les Français.


𝗠𝗔𝗜 𝟭𝟵𝟭𝟱 – 𝗡𝗢𝗩𝗘𝗠𝗕𝗥𝗘𝟭𝟵𝟭𝟱 : C’est une période de 8 mois sans grandes activités souterraines sur le secteur JULIA. Les Allemands comme les Français ont stoppé leur progression souterraine. A cette date, nous avons la certitude que les Français ont connaissance de la présence du système G23 sur leur gauche. Concernant le système G24, sur leur droite, rien n’indique - avant l’hiver 1915-1916 - que ce système soit détecté par les écouteurs français. Notons le tir au but d’un minen allemand sur l’abri du P7, le 12 Juillet 1915, qui cause la mort du Sapeur, Felix FOURNIER. L’intégrité et l’accès au P7 ne semblent pas compromis malgré l’effondrement de l’abri.

C’est aussi à cette période – lors du paroxysme de la Guerre de Mines du secteur- que le Génie français a acheminé des caisses contenant 400kgs d’explosifs de type Cheddite au niveau du poste d’écoute qui sera transformé pour l’occasion en « garage à matériaux ». Cet explosif, réputé stable et efficace en milieu confiné est l’un des plus utilisés sur le secteur avec la dynamite et la classique poudre noire. De cet endroit et durant cette période d’environ 8 mois, des écoutes sont réalisées - et - si danger il y a -, il sera possible de démarrer un rameau de combat vers le danger détecté. Il s’agira toujours d’hommes appartenant au Génie et qui n’effectueront des écoutes. La finalité étant qu’ils s’approprient l’environnement sonore propre à l’ouvrage et ainsi facilitent la détection de tout nouveau bruit suspect qui pourrait provenir de l’ennemi. Le stockage des matériaux explosifs à cet endroit permet également de les avoir sous la main - en cas d’urgence-.

Des traces de masques - non achevées - sont visibles sur les parois latérales de la galerie. Ces « masques » devaient servir à bloquer un bourrage de sacs de terre derrière les explosifs. Cela traduit que les Français ont imaginé, a un moment, l’éventualité d’une mise à feu des 400kgs à partir de ce garage à matériaux.


𝗛𝗜𝗩𝗘𝗥 𝟭𝟵𝟭𝟱-𝟭𝟵𝟭𝟲 :


Le P7 est « approfondi » à l’hiver 1915-1916, comme le relate le Commandant GUILLET dans son rapport intitulé « Historique de la guerre de mine » découvert par l’ASAPE 14-18 au Service Historique de la Défense de Vincennes en 2022. La découverte de ce rapport confirme notre hypothèse de la construction en deux phases bien distinctes de l’ouvrage P7.

La répartition des traces rupestres le long du cheminement du P7 est également évocateur d’une construction en deux temps. En effet, 78% des traces se trouvent dans la première partie du P7 (0m à 56m), soit dans la partie existante entre Février 1915 et l’hiver 1915/1916 La nature des traces révèle aussi que les indications techniques (mesures de distances, profondeurs, etc…) s’entremêlent avec des traces plus personnelles (Noms, prénoms, années, etc…).

Les 22% restants de traces rupestres se trouvent dans la partie Hiver 1915/1916 – Mars 1917 (56m à 78m). A noter qu’il s’agit essentiellement de traces relatives à la construction de cette nouvelle partie. Les quelques traces nominatives dans cette partie se situent toutes – sans exception – dans les postes d’écoute de cette nouvelle partie et sont toutes datées 1916/1917.


Ainsi en Décembre 1915, il est décidé de pousser vers l’avant sur une distance de 14m une nouvelle galerie via le P7. Cette dernière prendra la dimension d’un grand rameau, soit 1m de hauteur sur 0,80cm de large. Les Allemands - toujours à l’écoute depuis leurs ouvrages G23 et G24 des bruits provenant du P7- détectent immédiatement ces nouveaux travaux.

Cette fois ci, les Français pénètrent sous le « No Man’s Land » à une profondeur 9m30, laissant à penser qu’ils passent à l’offensive par la mine pour les écouteurs allemands. Si l’on rapporte en surface les Français ne sont désormais qu’à 61m de leur première ligne allemande.


Les Pionniers allemands du PB9 – alors à l’initiative d’une grande majorité des ouvrages de mines du secteur - sont remplacés par ceux du PB11. Ils sont tout aussi assidus à la tâche et vont poursuivre l’aménagement de tous les systèmes en place ou en développement sur le front soit environ une quarantaine de systèmes.

Le contexte historique du secteur aux abords du P7 laisse clairement apparaitre des combats souterrains qui ne baissent pas d’intensité aux alentours du P7. En effet, les Français mettent à feu 8 charges souterraines durant cette période, dont une de 50kgs de dynamite à l’extrémité du P5 Ter qui se trouve à proximité immédiate du P7.

Les Allemands déclenchent, quant à eux, une seule explosion sur cette période. Il s’agira de celle du 23 Décembre 1915 qui est estimée à 3.5 tonnes d’explosif, à l’emplacement de l’actuelle « Butte des Zouaves » qui neutralisera la galerie du P16 ainsi que 30m de la première ligne française - le tout en ensevelissant 4 Sapeurs français.

Le secteur du P7 est étonnamment… l’un des seuls du secteur où le calme règne encore. La réaction allemande au nouveau chantier dans le P7 ne se fait pas attendre… Immédiatement, la galerie dans G23 (stoppée fin Avril 1915) reprend sa progression. Les Allemands calculent la trajectoire des nouveaux travaux français et font progresser leur galerie de 16 m supplémentaires pour la placer (en prévision) sur le flanc du futur cheminement du P7.

Notons un dernier changement de trajectoire de G23 effectué sur les 10 derniers mètres qui permet aux Pionniers d’arriver de façon parfaitement perpendiculaire à l’avance possible de la galerie de P7. Les Pionniers appliquent l’une des règles fondamentales dans la guerre de mines : Prendre l’ennemi par le flanc.



Article 58 de leur règlement sur la Guerre de Mines : « 𝘚𝘪 𝘤’𝘦𝘴𝘵 𝘱𝘰𝘴𝘴𝘪𝘣𝘭𝘦, 𝘰𝘯 𝘤𝘩𝘦𝘳𝘤𝘩𝘦𝘳𝘢 𝘢̀ 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘢𝘨𝘪𝘳 𝘶𝘯 𝘧𝘰𝘶𝘳𝘯𝘦𝘢𝘶 𝘭𝘢𝘵𝘦́𝘳𝘢𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘢̀ 𝘭𝘢 𝘨𝘢𝘭𝘦𝘳𝘪𝘦 𝘦𝘯𝘯𝘦𝘮𝘪𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘤𝘦 𝘲𝘶’𝘢𝘪𝘯𝘴𝘪, 𝘰𝘯 𝘰𝘣𝘵𝘪𝘦𝘯𝘥𝘳𝘢 𝘶𝘯𝘦 𝘢𝘤𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴𝘵𝘳𝘶𝘤𝘵𝘪𝘷𝘦 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘱𝘶𝘪𝘴𝘴𝘢𝘯𝘵𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘴𝘪 𝘰𝘯 𝘢𝘨𝘪𝘴𝘴𝘢𝘪𝘵 𝘦𝘯 𝘵𝘦̂𝘵𝘦 𝘥𝘦 𝘨𝘢𝘭𝘦𝘳𝘪𝘦 𝘦𝘯𝘯𝘦𝘮𝘪𝘦. 𝘜𝘯 𝘧𝘰𝘶𝘳𝘯𝘦𝘢𝘶 𝘦𝘯 𝘵𝘦̂𝘵𝘦 𝘥𝘦́𝘵𝘳𝘶𝘪𝘳𝘢 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘯𝘰𝘵𝘳𝘦 𝘴𝘺𝘴𝘵𝘦̀𝘮𝘦 𝘥𝘦 𝘮𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘦 𝘤𝘦𝘭𝘶𝘪 𝘥𝘦 𝘭’𝘦𝘯𝘯𝘦𝘮𝘪 ».


𝗝𝗔𝗡𝗩𝗜𝗘𝗥 𝟭𝟵𝟭𝟲 (𝗣𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗾𝘂𝗶𝗻𝘇𝗮𝗶𝗻𝗲) :

Le système G24 rentre dans la bataille souterraine… Les Français étant bloqués dans leur progression, l’éventualité qu’ils cherchent un passage vers le système G24 est de plus en plus probable… Ils amorcent donc une galerie vers le P7 pour les empêcher de progresser vers eux. Des jalons de mesures découverts dans cette galerie lors de l’exploration de 2022 confirment cette hypothèse. En effet, 2 des 5 jalons préservés par l’ASAPE ont encore leurs dates identifiables : « 04 JANVIER 1916 » et « 08 JANVIER 1916 ». Notons que les Pionniers - ici encore – n’attaquent pas directement la structure existante du P7 mais projettent une neutralisation EN CAS de poursuite de l’avance ou de changement de directions.

Ainsi, en ce début d’Hiver 1915/1916, le nouveau cheminement du P7 est menacé par une galerie provenant de G23 (sur son flanc gauche) et une autre provenant de G24 (sur son flanc droit).



𝗝𝗔𝗡𝗩𝗜𝗘𝗥 𝟭𝟵𝟭𝟲 - 𝗠𝗔𝗥𝗦 𝟭𝟵𝟭𝟲 :


La galerie de G23 est terminée sur le flanc du futur cheminement du P7. Virtuellement, SI les Français progressent encore de 18m70 vers l’avant, G23 les neutralise.

Dans G24 les Pionniers s’activent encore au cheminement vers l’avance française en poursuivant une galerie sur 15m. Ces deux galeries allemandes sont percées rapidement à l’aide de charges explosives placées dans le front de taille. Les Allemands ne cherchent donc pas la discrétion mais plutôt la vitesse… Ces deux galeries allemandes qui ont pour cible les Français du P7 sont d’ailleurs non équarries et mal taillées.

Il est impossible - compte tenu de la proximité de tous ces ouvrages et de la propagation des bruits souterrains sur ce secteur – que les travaux dans ces deux systèmes allemands soient passés inaperçus aux oreilles des écouteurs français.

C’est sûrement ce constat qui fait qu’au bout du cheminement de 14m du grand rameau du P7, les Français comprennent que les Allemands sont devant eux, à seulement 19m de distance avec leur galerie G23 et que - sur leur droite - une galerie provenant de G24 leur arrive rapidement par-dessous et par le flanc à une distance comprise entre 28m et 43m…

Il leur est impossible de continuer par l’avant et …. Impossible de partir à droite sans tomber sur les galeries des Pionniers allemands. L’avance française est donc stoppée, sûrement durant quelques jours.


Cependant, deux solutions stratégiques et propres à la Guerre de Mines s’offrent aux Français à ce moment précis :

  1. Creuser un puits à partir de la Galerie du P7 afin d’atteindre une profondeur inférieure aux Allemands. (Ce puits aurait dû mesurer au minimum 9m pour reprendre l’avantage)

  2. Partir immédiatement vers la gauche et établir une chambre d’explosion.


C’est la deuxième solution que les Sapeurs français de la Compagnie M7 vont entreprendre durant la deuxième quinzaine de Janvier 1916. Ils vont creuser un rameau dit « à l’équerre » de 7m de long et préparer une chambre d’explosion. Les 200 sacs de remblais entreposés tout au long des parois du P7 depuis son départ serviront à bourrer ce rameau de 8m, du sol au plafond, afin de contenir les effets de l’explosion.

Les Allemands - toujours à l’écoute des bruits des travaux français - comprennent que le cheminement (vers l’avant) est stoppé. Les Français cheminent désormais en parallèle de leur système G23 mais à une distance raisonnable de 23m. Dans l’absolu, il n’y a pas de danger pour eux et ils n’entament donc aucun travail supplémentaire.

Les Français, quant à eux, réalisent une chambre d’explosion dans les « règles de l’art » au bout de 7m de nouvelle galerie. La charge sera calculée pour que l’explosion n’endommage pas le reste de l’ouvrage afin de poursuivre la progression vers l’avant - si nécessaire –

Il faut donc que les officiers du Génie calculent les effets de l’explosion voulue à l’aide d’une formule mathématique qui prend en compte : la quantité d’explosifs + la résistance de la roche ainsi que la profondeur de la chambre d’explosion qui – une fois chargée - sera dénommée « fourneau de mines » …


Dans la chambre d’explosion du P7 : - La quantité d’explosifs aurait été de : 𝟰𝟬𝟬𝗸𝗴𝘀 de cheddite. - La résistance de la roche calcaire de l’Oise sur ce secteur : 𝟭,𝟱 - La profondeur de la chambre d’explosion : 𝟵𝗺𝟯𝟬


Ainsi, il est possible de déduire que la circonférence des dégâts de l’explosion n’aurait pas excédé 9m. (En terme technique, on appelle cela un rayon de bonne rupture.) Il aurait donc fallu que les Allemands s’approchent dans ce périmètre pour déclencher la mise à feu de la charge pour espérer les neutraliser.

Ce calcul aurait permis de préserver le grand-rameau - en amont - de la zone d’explosion et aurait permis – après ventilation - de reprendre la progression d’une galerie d’attaque vers l’avant.

Notons, que la ventilation installée tout le long du cheminement du P7 aurait - après l’explosion – fonctionné à sens inverse ». L’air chargé de poussière et de gaz aurait alors été aspiré vers l’extérieur pour un temps et volume définis, avant de fonctionner en sens « normal » pour - cette fois-ci - alimenter la structure du P7 en air sain. Les Sapeurs français auraient alors fait une reconnaissance de l’intégrité du P7, à l’aide de de respirateur autonome contre l’Oxyde de Carbone de type DRAËGER alors en inventaire chez les Français.

Si, toutefois, l’explosion avait endommagé une partie de la galerie française, rien n’aurait empêché les Sapeurs de dégager les gravats et de poursuivre un nouveau cheminement. C’est d’ailleurs une tactique militaire bien connue de la Guerre de Mines consistant à faire croire à son adversaire que son ouvrage a subi des dégâts, empêchant la poursuite d’une avance.

Alors que les Pionniers s’activaient dans G24 à la construction d’une galerie vers la direction du P7, ordre est donné de stopper ces travaux fin janvier 1916, au plus tard. Cet arrêt brutal des travaux de cheminement est parfaitement visible dans la tête de leur Galerie. Les trous chargés d’explosifs pour creuser les parois sont encore en place… sans avoir étaient mis à feu. Les câbles d’alimentions pour la détonation sont encore présents sur le sol de cette galerie.

Aujourd’hui, grâce à nos modélisations, au LIDAR et à notre recueil de données historiques concernant les étapes de constructions de toutes ces galeries, nous pouvons affirmer que les Allemands n’ont ici, sur ce secteur JAMAIS eu l’intention première d’attaquer l’ouvrage français P7. Ils n’ont entrepris une progression vers lui, UNIQUEMENT par REACTION à son avance, que lorsqu’il est devenu « menaçant » et qu’ils ont estimé nécessaire de stopper son avance.

Globalement, comme vu précédemment, ce n’est qu’après avoir laissé progresser les Français de 51m que les Allemands ont entrepris de s’en rapprocher pour contrer leur avance qui cherche à s’infiltrer entre leur ouvrage. G23 a rapidement coupé la progression des Français vers l’avant. Quant à G24, son cheminement – s’il avait été poursuivi – aurait stoppé d’éventuels travaux français partant vers eux.

Il n’y a pas de coïncidence : les Allemands ont laissé les Français cheminer sans chercher à les intercepter tant qu’ils progressaient en dessous de leurs lignes. Une fois entrés dans le No man’s land, les Allemands ont réagi, ne sachant pas s’il s’agissait d’un passage à l’offensive ou non.


A noter que les Allemands n’ont jamais visé directement un point déjà construit de la galerie du P7. Ils ont toujours projeté leurs galeries en avant du cheminement du P7 afin de les neutraliser par le flanc, si et seulement si, ils continuaient à progresser ou tenter de s’infiltrer entre leurs ouvrages souterrains.

Leurs travaux de cheminement se sont toujours arrêtés lorsque les bruits français cessent, traduisant, par la même, la volonté allemande de procéder ici à une guerre de mines dite « passive. » L’avance de G23 - arrêtée en Avril 1915 ou l’abandon de la progression de G24 - fin Janvier 1916, en témoignent.

P7, G24, G23 sont des structures remarquables du savoir-faire des Pionniers et Sapeurs. Deux de ces ouvrages - G24 et P7 - sont de véritables capsules temporelles des combats souterrains de l’Oise des années 1914-1917

Malheureusement, les archives allemandes ont brûlé en majeure partie à POTSDAM, le 14 Avril 1945, suite à un bombardement britannique. Il est donc difficile de trouver confirmation de nos hypothèses sur les ouvrages allemands. Concernant les Archives Françaises, seul, le Journal de Marche des Opérations et quelques plans découverts au Service Historique de Vincennes permettent aujourd’hui de confirmer la chronologie de construction du P7.

Certains documents propres au travail de mines du secteur ont -tout bonnement - disparu des archives !

L’officier du Génie devait tenir une série de documents OBLIGATOIRES :

o Un journal ou registre d’écoutes de la galerie et des croquis annexés. o Un plan à grande échelle du secteur. o Un plan des cheminements souterrains, à l’échelle 1/200ème. o Le journal des opérations souterraines.


𝗢𝘂̀ 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗰𝗲𝘀 𝗱𝗼𝗰𝘂𝗺𝗲𝗻𝘁𝘀 𝗰𝗼𝗻𝗰𝗲𝗿𝗻𝗮𝗻𝘁 𝗹’𝗼𝘂𝘃𝗿𝗮𝗴𝗲 𝗣𝟳 𝗲𝘁 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗴𝗹𝗼𝗯𝗮𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝘁𝗼𝘂𝘁𝗲𝘀 𝗹𝗲𝘀 𝗴𝗮𝗹𝗲𝗿𝗶𝗲𝘀 𝗱’𝗮𝘁𝘁𝗮𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗳𝗿𝗮𝗻𝗰̧𝗮𝗶𝘀𝗲𝘀 𝗱𝘂 𝘀𝗲𝗰𝘁𝗲𝘂𝗿 ? Ces documents existent bien car nous avons retrouvé un « plan de cheminement » pour le secteur voisin, justement tenu par la même Compagnie de Sapeurs Mineurs…


Le groupe de galeries de mines présentement étudiées permet une meilleure compréhension des tactiques et stratégie propres à la guerre de mines appliquées par les deux camps sur ce secteur.


L'EQUIPE ASAPE 14-18

asape1418@gmail.com

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