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Traces rupestres en forêt de Compiègne

Dernière mise à jour : 12 mai 2021

Source de vie et lieux de ressources naturelles souvent prolifiques, les forêts ont toujours été des refuges pour l’homme. Y puisant ce qui lui est nécessaire pour sa vie ou sa survie.

Au cours de la guerre, les bois situés sur le front furent tous hachés par la mitraille, les obus, les mines ou autres combats, transformant et détruisant de ce fait un écosystème implanté depuis des siècles.

Des reliefs ont été modelés également par le creusement de tranchées, de sapes, d’abris, de blockhaus ou par la présence d’entonnoirs plus ou moins grands selon les charges explosives utilisées par les belligérants. De nos jours, bien que pour certaines parcelles boisées les marques indélébiles de l’histoire ne soient pas totalement effacées, ces bois, après un lourd travail de replantation, d’entretien du sol, de déminage du sous-sol également, ont repris leur fonction, ont retrouvé leur potentiel. Mais peu d’arbres ont résisté ou ont été abattus depuis et ne peuvent de ce fait témoigner à leur façon !


Une étude quasi inédite et non exhaustive que nous lançons ici est celle de cette mémoire des arbres, ou sur ces arbres devrions-nous dire plus exactement. Ceux qui ont traversé cette guerre, qui bien sûr, sont plus que centenaires et sur lesquels nous retrouvons des traces… écrites…laissées par les soldats comme un message pour la postérité. Elles sont entaillées sur les écorces à coup sûr à l’aide d’un canif ou tout autre objet tranchant. Mais il nous faut nous éloigner légèrement du champ de bataille pour les trouver!


Le secteur qui ici nous intéresse, se situe principalement dans la forêt domaniale de Laigue, dans un rectangle qui comprend Tracy-le-Mont, Rethondes, Choisy-au-bac et Saint-Léger-aux-bois.


Notre analyse aura nécessité une certaine stratégie d’abord basée sur le repérage sur plans, d’après nos documents. Il s’agit en fait d’anciens camps français (puisque nous sommes ici « en zone française ») puis les répertorier. Ils sont tous à proximité de carrefours forestiers, On comprendra aisément pourquoi. Nous trouvons ainsi des cuisines, des zones de stockage de matériels divers (pieux, planches, gabions, barbelés, groupes électrogènes), de projectiles (obus de calibres différents), de parcs d’animaux (plus rares) et toute l’organisation qui va avec (abris, bureaux voire autels religieux), ainsi que de simples camps de repos ou de camps pour prisonniers allemands (éphémères).




De là un travail de terrain est nécessaire, facilité par la présence des fameux poteaux indicateurs et nominatifs blancs, crées par l’architecte du château de Compiègne, Jean-Marie HURVE (il en existe 370 !). Destinés dès 1827 à aider les chasseurs et promeneurs à trouver le bon chemin. Ces poteaux ont des dimensions qui ne doivent rien au hasard : « douze pieds de haut » (environ 3,5 m), « 2 pieds de large » (quasi 60 cm) et surmontés d'une boule bien ronde sous laquelle sont inscrits sur plusieurs pancartes en bois, le nom de chaque chemin s’y croisant. Ils devaient être lisibles par un cavalier sur son cheval.

De là il nous aura fallu « avaler » des kilomètres à pied, souvent infructueux il va sans dire ! Notre observation s’est portée sur des arbres d’un diamètre « respectable » et ceux avec une écorce lisse, type hêtres. Tous les autres étant écartés. Les graffitis retrouvés sont tous à hauteur d’homme, rarement plus haut. Leur cicatrisation ne laisse aucun doute sur leur authenticité. Nous distinguons souvent des initiales, parfois des indications (comme ce très beau LAVABO), des directions (flèches surtout), des représentations diverses dont la définition est compliquée (telle cette chechia ou est-ce une bougie ?). Nous sommes là sur une divergence associative). La symbolique est présente (cette silhouette de femme nue), ou ce dessin qui pourrait être un plan (celui du camp présent !). Quelquefois un nom (NEVEU 1914-1915).



L’on retrouve également des traces que nous qualifierons de « blessures », laissées par des barbelés (nous sommes en guerre) ou autre système défensif !

Le plus représentatif sur lequel nous nous arrêterons principalement est celui de ce 3 éme régiment d’infanterie coloniale. Réalisé par 2 sapeurs de cette unité dont nous ne connaissons l’identité, et pour cause nous n’avons que leurs initiales, H et P (les deux chiffres qui suivent n’étant nullement d’origine !).