Aujourd’hui 11 avril, nous commémorons deux faits qui sont intimement liés : Le fait d’arme de l’Adjudant BRENDER du 264ème R.I., qui lui vaudra d’être décoré par le Général commandant le 35ème C.A en personne, et les explosions de mine française des 11 et 12 avril 1915 devant la Ferme de QUENNEVIERES (𝐹𝑟𝑎𝑛𝑐𝑒, 𝑂𝑖𝑠𝑒, 60350) .
Tout commence dans la matinée du 11 avril 1915, devant QUENNEVIERES, des bruits sont signalés provenant de la sape 3. Ces bruits sont confirmés vers 12h30 lorsque l’on constate que les Allemands ont pénétré dans le boyau de cette sape et ont découvert le fourneau de mine. Le Génie essaie donc de bloquer les allemands à l’intérieur avec un barrage et les Compagnies du front sont mises en alerte. On s’y bat à coup de révolver et d’explosif. Un pionnier allemand est blessé et évacué mais les allemands parviennent à neutraliser le fourneau. L’explosion bouscule le barrage de sac de sable que le Génie tentait d’installer. On décide alors de bloquer la sape à quelques mètres de l’entrée et de jeter par-dessus des grenades suffocantes, cela provoque l’intoxication de plusieurs pionniers allemands.
Les hommes du régiment 𝐹𝑢̈𝑠𝑖𝑙𝑖𝑒𝑟-𝑅𝑒𝑔𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 𝐾𝑜̈𝑛𝑖𝑔𝑖𝑛 (𝑆𝑐ℎ𝑙𝑒𝑠𝑤𝑖𝑔-𝐻𝑜𝑙𝑠𝑡𝑒𝑖𝑛𝑠𝑐ℎ𝑒𝑠) 𝑁𝑟. 86, qui occupent ce saillant prénommé 𝕾𝖔𝖑𝖙𝖆𝖚 𝕰𝖈𝖐 pensent avoir échappé au pire mais c’est une erreur…
A 16h00, les français donnent l’ordre à leur artillerie d’ouvrir le feu sur les positions allemandes et l’Infanterie doit simuler la préparation d’une attaque, quant au Génie il doit préparer l’explosion anticipée des fourneaux de mine de la sape 2. Une Compagnie est appelée en réserve à QUENNEVIERES, prête à intervenir. C’est alors qu’un fait étonnant se produit. L’Adjudant BRENDER de la 20ème Compagnie du 264ème R.I., sort de la tranchée et pendant un quart d’heure, crie et gesticule dans tous les sens, sabre au clair, au nez et la barbe des allemands au mépris de tous les dangers afin d’attirer les ennemis dans l’ouvrage qui est prêt à exploser. A 17h 15, les fourneaux de mine éclatent causant de très importants dégâts sur l’ouvrage allemand. Des tonnes de terre et de gravât volent en l’air. Trois entonnoirs de 10 m de profondeur sur 20 m de large et 40 m de long sont creusés par l’explosion.
L’Adjudant BRENDER se porte alors seul dans l’entonnoir et ce qu’il reste de la tranchée adverse où il y fait prisonnier un Sous-officier du FR 86 qu’il ramène dans les lignes françaises. Le prisonnier encore sonné et agar raconte que 80 soldats allemands occupaient la position avant son explosion et très peu ont dû y en réchapper. En fait, une fois la surprise de l’explosion passé, les allemands se sont précipités avec pic et pioche dans l’entonnoir et malgré la pluie de projectiles lancé par les français, ils ont tenté de dégager les malheureux ensevelie dans leurs abris et une bonne partie des hommes furent dégagé, qu’ils soient morts, blessés ou indemnes. Deux soldats du Génie, le Caporal BUONO et le sapeur mineur GENESTIER, pénètrent malheureusement prématurément dans la sape afin de vérifier les résultats de l’explosion et y meurent asphyxiés malgré les énormes efforts de leurs camarades pour les dégager. Le corps du Caporal ne sera récupéré que le 13 avril 1915.
Plusieurs soldats du Génie seront cités pour leurs faits d’armes ce jour-là. L’artillerie française continue de tirer, répondant maintenant à celle des Allemands. Il faut attendre 18h 30 pour que le calme revienne. Dans la nuit, le soldat RIGAUD, de la 19ème Compagnie, est volontaire pour exécuter deux patrouilles dans la tranchée allemande détruite. Il y constate que l’ennemi y effectue des travaux et lui lance deux grenades et deux bombes asphyxiantes.
Le lendemain, L’Adjudant BRENDER est décoré dans la tranchée de la médaille militaire par le Général EBENER, commandant le 35ème C.A. Le 12 avril, on décide de faire sauter la sape 0, ce qui est fait à 13h 45, l’objectif est détruit, ensevelissant 16 soldats allemands et blessant deux sentinelles. Malgré tous leurs efforts pour les dégager, et soumis à un violent bombardement français, les allemands ne parvinrent pas à sortir des décombres : un sous-officier, 10 soldats et 4 pionniers restèrent ensevelies. Pour éviter les mêmes mésaventures que la veille, on décide de placer les jours suivants un petit camouflet dans chacune des sapes 3, 2, 1 et deux dans la sape 0.
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